Motivés, avec des envies d’installation

Quand on dit que les jeunes ne sont pas motivés… Huit élèves en seconde année de BTSA production horticole par apprentissage aux CFA de Bellegarde et de La Mouil­lère à Orléans (45), sous la hou­lette de leur enseignante, ont prouvé le contraire­. « Madame­ Machtelinck, notre formatrice en com­merce et marketing, nous a présenté le partenariat proposé par Jean-Pierre Tourly*, qui organise le Salon du chrysanthème, des jeunes plants et des intrants. Nous étions volontaires pour tenter l’­ expérience, même si c’est du travail en plus », relatent d’une seule voix Marcelline, Ma­rine, Alban, Alexis, Anthonin, Dorian, Nicolas et Xavier.

Tous sont en formation horticole à la fois au CFA agricole de Bellegarde et à celui de La Mouillère. Leur cursus s’effectue au sein des deux centres, distants de 50 kilomètres, en fonction des mo­dules et des matières, et dans leurs entreprises. Bien qu’ils soient en « CCF mensuel » (contrôle­ continu en cours de formation), ils ont pris plusieurs journées pour participer au Salon, les 6 et 7 novembre à Saint-Cyr-en-Val.

Rencontrer les professionnels

« C’est une occasion pour eux de ren­contrer des professionnels, de voir et faire des choses­ complémentaires en plus de leur apprentissage. C’est aussi un bon exercice d’organisation, de prise de pa­role… Même en productions­ horticoles, plus tard, ils en auront besoin­ ! » complète Séverine Machtelinck. Cela représente aussi une acquisition d’autonomie, même relative. Tout en préparant leurs examens, ils ont réalisé deux questionnaires (pour les exposants et les visiteurs) et participé à une enquête de satisfaction… Puis, par équipes, durant les deux jours de la manifestation, ils se sont chargés de l’accueil, géré l’enregistrement des visiteurs, tenu le stand de leur école…

S’installer, oui, mais à plusieurs…

Les élèves sont allés au contact des acteurs professionnels exposant au Salon, que ce soit en obtention de chrysan­thèmes, en production de jeunes­ plants, en fournitures et services. Pour échanger ou même afin de présenter leur CV.

Les plus motivés ont fait un pas de plus pour leur projet futur : « Dans leur promotion, près de la moitié rêvent de s’installer », constate l’enseignante. En ce moment, ils pensent davantage au maraîchage (bio, bien sûr) qu’aux cultures ornementales. « Nous n’avons pas encore décidé précisément comment, mais nous espérons pouvoir nous installer à plusieurs, avec des activités complémentaires, en cultures vivrières et/ou associées à de l’élevage, et surtout en “ferme autonome”. Nous souhaitons être capables de nourrir, d’élever, de composter pour avoir notre engrais, de produire de l’énergie solaire… » Certains voudraient retourner dans leur région d’origine, d’autres ont déjà trouvé un partenaire dans leur classe et chercheront un troisième associé. « Ils savent qu’avec ces choix, ils ne seront pas riches, complète Séverine Machtelinck, mais leur projet, c’est de vivre sainement. Ils sont bien conscients que ce ne sera pas facile, d’où leurs souhaits, souvent, de s’installer à plusieurs. »

Après leur examen, ils sont plusieurs à vouloir vivre diverses expériences professionnelles, parfois dans d’autres pays, via Erasmus ou le woofing… C’est très encourageant : ils représentent un sang neuf, l’espoir d’une nouvelle génération de futurs producteurs. Ils sont souvent citadins : il faudra savoir les appréhender et les accompagner différemment. Car ils ne rentreront pas dans les normes, et, pour le moment, ne misent pas sur des emprunts bancaires ou autres crédits à long terme.

*Partenariat établi entre le Salon du chrysanthème, des jeunes­ plants et des intrants et Isabelle Foix, responsable du pôle Besoin des entreprises au CFA agricole de Bellegarde.